Fumiers : cherchez l'azote.

Percherons et fosse à fumiers dans le Magasin pittoresque

Percherons et fosse à fumiers dans le Magasin pittoresque

La French Method s’inspire des maraîchers parisiens du XIX° siècle et suppose notamment des apports importants en fumier (cheval ou mouton). Comme je l’avais évoqué précédemment, cet apport massif est décrié par certains, et de plus le risque est que la norme d’azote à l’hectare soit dépassée (apport possible de 170 kg d’azote par hectare à l’année en agriculture biologique, ce qui correspond plus ou moins à la minéralisation naturelle de l’humus contenu dans un sol “moyen”).

Pour rappel, l’azote, sous une forme ionisée, est un aliment indispensable des végétaux et est nécessaire à la croissance des plantes. Il a constitué un des premiers engrais synthétiques ayant boosté les rendements agricoles au XX° siècle (les fameux nitrates ou aussi l’ammonium). Les excréments animaux en sont riches. C’est une des raisons de l’intérêt du fumier pour la culture.

Le Gourou des marais, promoteur de la French Method, s’était vu avertir lors du passage de l’organisme certificateur AB sur les nouveaux marais des Petites fermes d’Azur. En effet il utilise environ 260 m3 de fumier équin pour une parcelle d'1,4 hectare.

Ni une, ni deux, Christian Carnavalet (le gourou des marais) s’est lancé dans le calcul de la masse d’azote que cela représentait ainsi qu’à une analyse de ses sols pour en déterminer la teneur en azote.

Les résultats sont tombés fin mars.

Il s’est appuyé sur une étude nationale de 2009 qui évalue le poids d’un mètre cube de fumier équin entre 171 et 418 kg. Ce qui représente, si on prend le chiffre le plus élevé, un apport de 108 tonnes de fumier pour la parcelle (environ 77 tonnes à l’hectare). Il y a environ 3 kg d’azote libéré par tonne de fumier, soit 231 kg à l’hectare.(1)

Si les mêmes calculs sont effectués en partant de la fourchette basse du poids du fumier, on arrive à un apport de 96kg d’azote par an par hectare. La moyenne des deux est de 163 kg/an/hectare. Ce chiffre est très légèrement inférieur au maximum autorisé de 170 kg par hectare, en agriculture biologique.

Il s’agit donc d’une pratique qui reste compatible avec la certification AB (même si idéalement il faudrait savoir ce qu’a mangé le cheval !). Christian, lui, suggère de réduire l’apport de fumier de 10 à 15 % pour bien rester dans les clous de la norme AB.

A suivre…

(1)D’après les analyses, il y a entre 35 et 69 kg d’azote à effet direct, le reste étant sous forme organique et minéralisé progressivement par les bactéries du sol (environ 21 kg par an).

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