Grimoire des exercices

Le gardien du grimoire

Le gardien du grimoire

Marches

Des exercices de marche. Je trouve ça très efficace pour commencer une séance (atelier, cours, répétitions…) A la fois un moment de concentration solo, un travail sur le corps, sur l’espace et en même temps un premier travail de groupe.

Les marches sont toujours un grand classique des débuts d’ateliers ou de cours de théâtre. Elles permettent de travailler l’espace, le sens du collectif et l’écoute, le rythme… Le fait de travailler tous ensemble aide aussi à s’oublier, à lâcher prise.

Si vous animez un atelier ou en prélude à une répétition (s’il y a assez de comédiens), je vous recommande cet exercice. En plus, ça a le mérite d’être simple !

Marches 1

Tout le groupe marche dans l’ensemble de l’espace. Régulièrement les comédiens changent de rythme,  de direction ; toujours dans une marche dynamique.  Le regard devant, surtout pas vers le sol, comme souvent. On tâche aussi d’éviter le cercle (qui fait penser à une promenade de prisonniers !)

  • Au bout de quelques minutes de marche, dès qu’ils croisent un regard, les comédiens se disent bonjour deux par deux de toutes les manières. Ils peuvent tout inventer. Ce doit être très bref et très intense : toute vie dans une seconde.
  • Puis ils se serrent la main quand ils se croisent. Ne rien jouer : à chaque fois c’est une “vraie” rencontre nouvelle. Après chaque poignée de main, on repart dans une marche, jusqu’à la rencontre suivante. 
  • Puis un baiser, de loin, de près. C’est toujours une “vraie”  nouvelle rencontre à chaque fois. C’est intéressant de ne pas rester juste dans la forme, mais d’essayer d’y mettre autant d’intentions que possible dans cette rencontre de quelques secondes.
  • Puis une révérence. Pas les deux en même temps : don puis réception. Un comédien prend le temps de recevoir la révérence de l’autre avant de lui en faire une à son tour. Ne pas oublier que chaque rencontre est différente (forme et durée). Quand on fait la révérence, on s’incline aussi devant l’artiste que l’autre a en lui.
  • Puis on se prend dans les bras. Étreintes fortes, intenses et succinctes. Rester dans l’étreinte après plusieurs fois.
  • Pour terminer tout le groupe choisit un même code de salut mais… sans se le dire. Et ce code peut changer.

Voilà une marche sympa pour se dire bonjour !

Marches 2

Un autre exercice de marche. Plus rapide et plus intense physiquement.

Vous définissez un niveau d’énergie pour marcher entre 0 % et 100%. Graduellement, pendant l’exercice vous prévenez les comédiens que vous augmenterez l’énergie investie par chacun en donnant un chiffre. C’est pas mal de commencer entre 20 et 40% (histoire de pouvoir augmenter et aussi de se chauffer un peu). Pendant que les comédiens marchent, vous allez crier des mots, qui correspondent à des actions que les comédiens doivent réaliser très rapidement (sans se faire mal, ni se cogner !).

  • “TOMBE !" -> tous tombent.  
  • “HOP” -> tous se relèvent.
  • “GO” -> explosion en  secondes. Les comédiens doivent aller s’aplatir contre un des murs de la salle (“1, 2, 3 c’est mort !").
  • “JUMP” -> saute en claquant des mains.
  • “CATCH” -> on s’attrape par 2 (en 2 secondes)
  • “SLOWMOTION” -> au ralenti, sans perdre l’énergie

Pour corser la difficulté, on peut faire circuler une balle, de la main à la main, sans qu’elle ne tombe jamais.

Et bien sûr, on joue sur les niveaux d’énergie, d’abord monter,  pour progressivement revenir au point 0. 

C’est excellent pour se chauffer et se mettre dans le bain rapidement. 

Marches 3

Un exercice de marche que j’affectionne avec les nouveaux groupes ou quand on est dans un nouvel espace.

C’est très simple.

Tout le monde marche, circule dans l’espace. On est attentif à ce que tout l’espace soit rempli, qu’il n’y ait pas de « trou » (le fameux « équilibre plateau »).

On accélère un peu le rythme.

La marche doit devenir dynamique. Le regard doit être ouvert, à 180 °. En marchant, ne pas hésiter à accrocher un regard d’un autre participant quelques secondes. Epaules détendues, bras le long du corps (pas de bras croisés, de mains dans le dos, dans les poches).

Quand je frappe dans les mains, tout le monde s’arrête net. En suspension (pieds qui poussent dans le sol, sommet du crâne qui tire vers le ciel). Quand je frappe de nouveau dans les mains, tout le monde repart dans une marche très dynamique. Le faire plusieurs fois, en variant les temps d’arrêt et de marches. Puis au bout d’un moment, je ne donne plus le signal de redémarrage. Tout le groupe repart au même moment (en rythme dynamique!).

Regard croisé = arrêt

Maintenant, l’arrêt se fait quand un comédien croise le regard d’un autre. Je ne donne plus de signal. Les deux doivent s’arrêter en même temps (neutre, toujours en suspension) et repartir ensemble, sans se donner de signe. Attention de ne pas provoquer les regards et les arrêts. De le même manière, les comédiens cherchent à varier les temps d’arrêt.

L’étape suivante est de faire un geste vers l’autre avant de repartir. Si possible un geste sans signification (on évite donc tous les gestes de salutation : coucou avec les mains, poignées de main…). Ca peut être un genou qui se lève, un coude qui s’avance, un pied qui se tord, un torse qui se cabre… L’idée est d’être très précis dans le geste. Il faut également être très précis dans la séquence : regards qui se croisent → arrêt simultané en suspension → geste → départ simultané → déplacement très dynamique avec le regard ouvert et devant.

Vous l’aurez compris c’est aussi un exercice d’écoute où il faut proposer et aussi suivre ce que l’autre propose. 

Jeux

Des jeux qui permettent de travailler l’espace et l’écoute collective.

J’aime bien aussi utiliser des exercices qui s’apparentent à des jeux. D’une part le travail de comédien est un jeu aussi (“jeu d’acteur”) et passer par du ludique aide à lâcher prise (et puis ça fait du bien !) et d’autre part, je trouve ça très efficace pour la dynamique de groupe.

Les 10 passes

Très bel exercice pour l’écoute dans le groupe, la précision et pour monter en énergie.

Le principe est très simple. On fait deux équipes. Il s’agit ensuite de se passer une balle (ou un vêtement en boule) entre membres de l’équipe dix fois de suite sans que l’autre équipe ne récupère la balle. Mais quelques règles viennent corser le jeu (et lui donner un intérêt pour le travail théâtral) :

  1. à chaque passe de balle réceptionnée, celui qui reçoit doit annoncer à haute voix à combien de passes de suite son équipe en est (« un ! » , « deux ! » …).

  2. si une balle tombe au sol avant d’être réceptionnée le compte recommence à zéro.

  3. aucun commentaire, aucune interpellation, aucun son n’est permis. Ce jeu doit être complètement silencieux. Si quelqu’un parle aussitôt la balle passe à l’autre équipe. Seul le compte du nombre de passes est permis.

Suivant les groupes, et pour éviter les accidents, on peut aussi interdire tout contact physique (comme au basket).

Un des enjeux dans cet exercice est de réussir à s’économiser tout en étant efficace, car on peut très vite s’épuiser.

Bonne chauffe !

L’échange

Le groupe se met en cercle, ferme les yeux, et tend les mains, paumes ouvertes, devant soi. Vous êtes au centre du cercle et vous allez toucher chacune de ces paumes ouvertes. Seulement pour deux participants, vous allez en même temps y déposer une pièce de monnaie, sans que les autres ne s’en rendent compte. A votre signal, chacun ferme les mains et serre le poing, puis rouvre les yeux.

Tout le monde se répartit sur le plateau.

Sans parole chacun se met à circuler, poings fermés. Pendant quelques minutes. Les deux porteurs de pièce doivent alors se repérer sans que le reste du groupe ne les remarque.

Puis vous allez entamer à haute voix un compte à rebours de 5 à 1. A la fin de ce décompte les deux porteurs de pièce doivent avoir échangé leur pièce. Le reste du groupe doit lui empêcher cet échange.

Les coups sont interdits !

Il s’agit d’une sélection des outils que j’utilise le plus. Je ne cherche pas à recenser tous les exercices possibles.

Un petit complément aussi avec l’article les 5 étapes pour bien démarrer son atelier.

comments powered by Disqus