Yllis

Le mot de la révolte

FĂ©lix : […] Voyons, calme-toi ! Ce sont des mots, tout cela, vois-tu. Il ne faut pas comme cela, se monter la tĂȘte avec des phrases… […]

Elisabeth : Des mots ?… Et avec quoi voulez-vous que je vous rĂ©ponde ? … Avec quoi me questionnez-vous ?… […] Et comme le monde n’a de signification que selon la puissance des mots qui le traduisent et celle des yeux qui le regardent, j’estime que considĂ©rer toutes choses de plus haut que leur rĂ©alitĂ©, c’est la Science de la vie, de la seule grandeur humaine, du Bonheur et de la Paix.

Cet extrait de La RĂ©volte de Villiers de L’Isle Adam restitue toute la force Ă©vocatrice du langage en gĂ©nĂ©ral et du mot en particulier. Le mot prononcĂ© va venir rĂ©veiller un imaginaire chez celui qui l’entend (comme chez celui qui le prononce). Un imaginaire qui est en large partie inconscient, qui est constituĂ© de l’encyclopĂ©die personnelle des expĂ©riences de chacun. C’est pour cela que le mot est fort. C’est aussi pour cela qu’il faut faire confiance aux mots.

Le thĂ©Ăątre construit des images sur scĂšne, mais surtout il vĂ©hicule des mots. Les images que ces derniers construisent dans l’imaginaire du spectateur est alors propre Ă  l’inconscient de chacun. Bien sĂ»r des ressemblances existent entre les perceptions de chaque spectateur ; c’est normal car il y a en gĂ©nĂ©ral une proximitĂ© gĂ©ographique et/ou sociologique et/ou gĂ©nĂ©rationnelle entre eux. Certaines rĂ©fĂ©rences seront communes et appartiendront alors Ă  ce qu’on appelle l’imaginaire collectif.

La mise en scĂšne c’est aussi tenir compte du poids, de l’impact d’un mot.

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